CIRCUM DISC

CIRCUM DISC   «Label de Diffusions Musicales»

Commencer cette nouvelle année en écoutant de la musique douce et joyeuse, voilà une idée qu’elle est bonne et qui fait du bien. Imaginé puis créé il y a une vingtaine d’années, le label Circum* Disc propose une musique intelligente et même un peu plus … car cela est possible, oui. Une vision artistique novatrice qui met le jazz, les musiques expérimentales et improvisées en pleine lumière sous la boule à facettes. Et vlan !

Au début, Circum* est un collectif de musiciens de jazz installé à la Malterie** de Lille. Le but de cette équipe est de donner un p’tit coup de jeune et de promouvoir une nouvelle vision du jazz et de l’impro. En 2007, Circum-disc propose une nouvelle série autour des musiques improvisées et expérimentales intitulée « HeliX » avec la sortie d’un double CD de la Pieuvre, un grand orchestre d’improvisation émanant du « Crime » (Le Crime c’est => Centre Régional d’Improvisation et de Musiques Expérimentales) et pour compliquer l’affaire qu’elle est belle, en 2010 Circum fusionne avec « Crime » , ce qui abouti à un nouveau collectif nommé «Muzzix***».

Entre-temps, Circum créé une nouvelle collection nommée «Microcidi» pour diffuser des productions d’oeuvres nouvelles, des concerts, et autres libations où leur seule religion reste les sonorités époustouflantes.

Bref, tout cela paraît légèrement confus et ténébreux, mais malgré tout relativement simple pour l’auditeur que nous sommes. Ce qui compte pour nous, c’est l’écoute. Leurs disques sont distribués dans les quatre coins de notre monde par «Les Allumés du Jazz****» et la totalité de leur références sont disponibles, bien évidement, en streaming et téléchargement dans tous les coins, lignes droites et recoins du web*****.

-1- Je suis tombé quasiment en pâmoison à l’écoute d’un duo Ivann Cruz & Peter Orins (le premier joue de la guitare électrique et le second des percussions). Leur album se nomme « Des Pieds et des Mains ». C’est le résultat d’un trekking dans la montagne au Parc des Écrins où les deux musiciens se déplacent avec leurs instruments et enregistrent tout une palanquée de paysages sonores. Improvisations musicales s’entrecroisent avec le bruissement du vent, le débit d’un torrent, le son de leur marche, ce qui fait que tous les divers brouhahas qui les environnent participent à la créativité de leur musique. Le nom de leurs titres sont trop mimis et localisent leurs impros (Dans le refuge de Chabourneou – Au dessus du lac du Pissou – Dans le Petit Vallon de Font Turbat – Sur l’alpage du Valgaudemar …). Le tout est dépaysant et bien zen.  

    https://www.youtube.com/watch?v=vdwv7Ne0bJk

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-2- Trapèze est un quartet composé d’une saxophoniste, Sakina Abdou, d’un tromboniste, Matthias Müller, d’un batteur, Peter Orins, et d’un « manipulateur » de platines, Joke Lanz. Les quatre larrons s’en donnent à cœur joie et s’éclatent dans toute une série d’impros ébouriffantes. C’est un quartet mixte, originaire de Suisse, d’Allemagne, et de France. Ils se sont croisés au hasard de diverses formations. Ils ont en commun un héritage de la musique improvisée européenne et du free jazz, donc la même passion pour les détournements sonores, ce qui peut parfois les pousser à la limite de l’audible et de l’ambiguïté musicale. Du romantisme poétique.

https://www.youtube.com/watch?v=86JF9va1P4w

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-3- Peter Orins, le batteur incontournable, est le compositeur d’une œuvre nommée « Dead Dead Gang ». Elle lui a été inspirée par la lecture de Jérusalem, le fabuleux roman d’Alan Moore******. Peter s’est entouré de Barbara Dang qui joue du piano, de Gordon Pym qui tripote l’électronique et des objets amplifiés et de Maryline Pruvost à l’harmonium indien et qui psalmodie des extraits du texte d’Alan Moore. Dead dead gang, ce sont les Enfantômes du roman. Les quatre titres collent comme de la glu aux superpositions temporelles et géographiques « vécues » dans le livre. Ce qui me donne une grave envie de relire Jérusalem en écoutant cette musique aux harmonies étranges et fantomatiques.

https://www.youtube.com/watch?v=SeKfV4q-0PA

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-4- Aphar’s Cave est un album où les voix sont prépondérantes. Léon, le compositeur de la quasi totalité des textes et musiques joue et chante en duo avec Ivann Cruz. Tout deux font valser les paroles comme une balle de ping-pong sur la tablature musicale au ras du filet. Le Cave du titre du disque est comme un baiser de rêve-souvenir légèrement spectrale d’un album de Nick du même nom. Et à l’instar de Nick Cave, les neuf chansons décrivent et soulignent la sinistrose qui habite les protagonistes qui habitent dans les textes. Entre chaque titre flotte un rêve numéroté de un à neuf. Une expérience d’écoute, qui, si elle n’est pas euphorique, n’est nullement dépressive.

https://www.youtube.com/watch?v=9UgrvRC5MYw

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-5- Hotel Spojár de Škvíry & Spoje est un concept interessant. Škvíry est un duo et Spoje est un duo. Deux duos (hihihihihi) qui forment un quatuor. L’un est tchèque, l’autre slovaque. Deux pays voisins où la scène expérimentale trouve ses marques. Détail amusant, leur bio précise que le nom des duos : Škvíry & Spoje traduits en anglais signifient Crack & Joints ! Par contre la traduction française, et c’est normal, donne : Cracks = Fissures, Joints = Jonctions. Because le quatuor s’inspire plutôt de construction que de dope. Bon j’entend bien le sens de construction et l’écoute de leurs improvisations confirment qu’ils raffolent de fissures et tentent avec bonheur une flopée de jonctions dans leurs aventures musicales où l’on croise free jazz, sons expérimentaux et complexes, de la noise jusqu’à de l’hypno groove poly rythmique … de quoi passer une belle journée.

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-6- « Crustal Movement » est un ovni particulièrement métissé. Iku Mori, grande prêtresse de l’électronique, fondatrice de DNA en 1977 aux côtés d’Arto Lindsay et tête chercheuse de la musique impro worldwide, originaire de Tokyo et résidente à New-York, elle a une discographie longue comme le bras. Elle a enregistré, entre-autres, avec Kim Gordon, John Zorn, Fred Frith, Mike Patton, Thurston Moore, Sylvie Courvoisier, … en plus de ses propres productions depuis 1995, mais également avec Kaze qui est un quartet composé de deux japonais Satoko Fujii au piano et de Natsuki Tamura à la trompette, ainsi que deux français Christian Pruvost également à la trompette et Peter Orins à la batterie. Chacun des musiciens participe à la création. Les six pièces de l’oeuvre sont écrites comme des scénarios et réalisées en distanciel. Kaze enregistre à Kobe (Japon), Iku Mori à New-York (USA) sur les bandes des premiers qui envoient leur fichiers à Lille (France) via le web. Fichiers qui sont joués en public sur lesquels Pruvost et Orins complètent et finalisent l’enregistrement. Ce procédé de conception audacieux révèle la particularité de « Crustal Movement » et démontre l’énergie, l’individualité, et la complémentarité des musiciens qui transcendent tout une tapée de petits guet-apens qui rend la musique hyper libre et aérienne. Vivante, dirais-je.

https://www.youtube.com/watch?v=1bGmI2G2Z1s

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