
Paul Slack fut le bassiste du groupe mythique U.K. Subs, formation pionnière du Punk Rock anglais depuis 1977. Puis, dans les années 80, il forma le trio The Flying Padovanis avec l’ancien guitariste de The Police, Henry Padovani. Habitant depuis quelques années en France, en région Normandie, Paul réalise des tableaux. Il vient de présenter sa toute première exposition à la galerie d’art L’Imprimerie à Amiens. La rencontre s’est déroulée à quelques heures du vernissage, le samedi 7 mars 2020.
Voici le reportage vidéo en anglais. La traduction en français de l’interview complète est juste en-dessous…
Avant de parler de ton actualité, j’aimerais aborder ta carrière musicale… Tu fus le bassiste des U.K. Subs de 1977 à 1980, et tu as enregistré les premiers singles et les 3 premiers albums. Tu es donc le bassiste du “classic line-up” qui a enregistré les titres les plus connus.
Ma première question est : que retiens-tu de cette grande époque et de ces quelques années passées dans ce groupe culte ?
Paul : Et bien, c’était une période de grands changements pas seulement au niveau musical mais aussi politique. La Grande-Bretagne était dans la tourmente. La jeunesse de l’époque cherchait une direction à prendre, et beaucoup de titres punks de la première heure étaient des chansons de protestation. Des grandes amitiés sont nées dans ce mouvement punk, et le sont restées. Et je suis encore en contacte avec beaucoup de personnes qui suivaient le groupe il y a 40 ans maintenant.
Vous êtes passés plusieurs fois à l’émission “Top Of The Pops” sur la BBC. Vous vendiez beaucoup de disques. Aviez-vous un niveau de vie de rockstars à cette époque ?
Paul : Absolument pas ! Non… Pas du tout… Nous n’y pensions pas à l’époque. Les U.K. Subs avaient la réputation d’être très proches de leurs fans, après les concerts nous allions les rencontrer, discuter avec eux. On ne se cachait pas.
Comment t’es tu retrouvé à enregistrer les lead vocals sur le single “She’s not there” (cover de The Zombies) ? Pourquoi Charlie Harper n’a pas assuré le chant ?
Paul : Et bien Charlie a essayé… Nous avons décidé d’enregistrer ce titre qui était une des chansons favorites de Nicky Garratt (guitariste). Nous étions en studio, et Charlie était en train de lutter pour la chanter, c’était un peu difficile, et donc je lui ai montré et il m’a dit “pourquoi tu ne la chanterais pas”. C’est donc arrivé par hasard, ce n’était pas planifié. C’est arrivé spontanément dans le studio.
Tu es le compositeur du hit single “Warhead”. Pensais-tu que ce titre aurait autant de succès et serait toujours interprété et repris par d’autres groupes 40 ans après ? Ce titre est en quelque sorte le “Smoke on the water” du bassiste punk, non ?
Paul : D’une certaine manière, je ne suis pas surpris que cette chanson soit toujours aussi populaire et toujours interprétée par d’autres groupes 40 ans plus tard. Car je pense que les paroles sont autant pertinentes de nos jours qu’il y a 40 ans. Nous sommes toujours dans la même situation à travers le monde. Quant à être la version à la basse de “Smoke on the water”, pour les musiciens punks, en particulier les bassistes, beaucoup m’ont contacté par le passé et m’ont confié avoir appris en jouant la ligne de basse de “Warhead”.
Pour la sortie de l’album “Brand New Age”, les U.K. Subs sont partis en tournée avec les Ramones. Comment ça se passait, quelle était l’ambiance ?
Paul : Les concerts étaient excellents. Nous avons joué en Italie, en France et aussi en Hollande. Tous les shows étaient bien remplis, des grandes foules, on a joué dans des stades en Italie. Les Ramones étaient évidemment très populaires… Nous n’avons pas beaucoup vu les Ramones, on ne se mélangeait pas beaucoup, on s’entendait bien mais on ne traînait pas avec eux comme des meilleurs amis.
En 1980, en plein succès, le batteur Pete Davies et toi-même vous quittez les U.K. Subs. Que s’est-il passé alors que tout semblait vous réussir ?
Paul : Je pense… Sans parler à la place de Pete, mais me concernant, nous tournions non-stop depuis 2 ans, et nous jouions plus de 250 shows par an. Personnellement, je ressentais qu’il me fallait du changement. Musicalement, je voulais évoluer dans une nouvelle direction que celle des U.K. Subs. Il était temps que quelqu’un me remplace pour injecter un nouvel enthousiasme dans le groupe.
Aucun regret de cette séparation ?
Paul : Pas de regret ! (sourire)
Aussitôt, tu commences une nouvelle carrière avec The Flying Padovani’s composés de Henry Padovani (ex-guitariste de The Police) et Chris Musto. Que retiens-tu de cette nouvelle aventure ?
Paul : Je me souviens des premières répétitions et du fait que nous sommes devenus des frères très rapidement. Nous sommes toujours amis 40 ans plus tard, nous jouons et tournons toujours de temps en temps ensemble. A l’époque, nous jouions 5 fois par semaine, et les 2 autres jours nous les passions en tant qu’amis. Donc on se voyait tous les jours. Nous avons noué une amitié durable.
Vous vous êtes reformés à plusieurs reprises, et notamment à la sortie du documentaire “Rock’n’Roll of Corse”. Le groupe est-il toujours en activité ?
Paul : Il existe toujours, mais pas super actif, mais nous avons fait quelques concerts l’année dernière, quelques festivals… Nous avons l’intention de faire quelques concerts vers la fin de cette année.
Tu habites en France depuis quand ? Pourquoi avoir choisi la Normandie ?
Paul : Je vis en France à peu près depuis 5 ans. Je pense que la Normandie m’a choisi (sourire)… J’y ai la maison en Normandie depuis 17-18 ans en tant que maison secondaire à la base. J’ai toujours aimé la France, j’y ai une grande affinité. La première fois que j’y suis venu, je devais avoir 16 ans. Je suis tombé amoureux de ce pays.
Tu y as installé ton atelier où tu réalises tes tableaux. Ton aventure musicale est-elle désormais en stand-by ?
Paul : Non parce-que je vais faire quelques concerts à la fin du mois de mars avec un groupe français qui s’appelle Tio Manuel. Manu Castillo est un vieil ami, on se connait depuis à peu près 8 ans… Et j’ai hâte !
Concernant tes tableaux, de quel courant artistique et de quels artistes te revendiques-tu ?
Paul : Je pense que j’ai des goûts artistiques éclectiques assez larges. Je ne dirais pas qu’il y a quelque chose en particulier… Je peux te dire mes influences principales… J’aime le peintre français Pierre Soulages, l’américain Franz Kline, et bien sûr Picasso, et les grands maîtres de l’ère moderne.
Où trouves-tu ton inspiration ?
Paul : Difficile à dire… Tout autour de moi, vraiment… J’essaie de créer mon propre monde quand je peins. J’ai assez d’images en tête pour continuer à travailler. Il faut juste que j’arrive à les trier.
Quelles sont les techniques utilisées pour réaliser tes tableaux ?
Paul : Je travaille avec des acryliques, je ne peins pas encore à l’huile. Je travaille sur du bois… Je peux être plus robuste avec du bois, je peux le surcharger. Je trouve les toiles un peu trop fragiles pour les techniques que j’utilise.
Que représentent-ils ? Je trouve qu’ils ont une certaine homogénéité, on reconnait bien ta signature artistique, ta sensibilité…
Paul : C’est une question vraiment difficile. Quasiment impossible à répondre, vraiment… Parfois après avoir fait une peinture, cela va suggérer quelque chose… Je ne pars pas nécessairement avec l’idée que je veux peindre ceci ou cela… Je laisse juste le processus de peinture prendre le dessus. Et peut-être qu’à la fin, quelque chose va se révéler…
Il me semble que tu étais étudiant dans une école d’art et de design auparavant ?
Paul : Oui, je suis allé à St Martin’s School of Art parce-que la peinture et l’art étaient mes premiers amours. Je n’ai jamais pensé à une carrière musicale du tout. Mais quand j’étais dans cette école d’art, j’ai découvert la musique punk, j’ai abandonné l’école et mes études pour devenir musicien. Mais oui, mon premier amour reste probablement encore la peinture.
Ici à L’Imprimerie à Amiens, tu réalises ta première exposition en solo. Comment te sens-tu ?
Paul : Nerveux mais excité. Je suis curieux d’avoir des retours des gens venant voir mes peintures… Mais oui, on verra…
Quels sont tes projets ? De nouvelles créations et des expositions ?
Paul : Oui, deux autres expositions sont prévues cette année. L’une en juillet, l’autre en septembre-octobre en France. La première en juillet est proche du lieu où nous habitons, cela se déroulera dans un vieux prieuré, et la seconde sera proche de Lyon.
Merci du temps que tu m’as consacré !
Paul : Merci, et bien, c’est un immense plaisir ! Merci !
Retrouvez Paul Slack sur Facebook : www.facebook.com/paulslackart
Merci à la galerie d’art L’Imprimerie à Amiens et Bruno Pommey pour l’accueil : www.facebook.com/Limprimerie-699281063539724
Interview réalisée par Ozzyludo pour le fanzine La Mine