Nova et Vetera

Ce groupe s’accroche depuis le siècle dernier à jouer un rock sombre et ensorcelant avec toujours autant de sincérité. Nova et Vetera sort enfin son nouvel album sur le célèbre label parisien Manic Depression.
Une référence dans la scène gothique !

La Mine : Vous venez de sortir un album sur le prestigieux label Manic Depression, c’est un peu comme une consécration pour vous ?
Nova et vetera : Il y a trois ans, le label Manic Depression, s’est proposé de prendre en charge la distribution en France et en Europe de notre premier album « Dead Waltz ». Déjà à cette époque, nous étions conscients de cette incroyable opportunité. Au fil du temps, nous avons renforcé nos liens d’amitié avec Jean Louis qui s’occupe de la distribution, Lionel de la programmation et Vincent du graphisme, qui restent avant tout de vrais passionnés. Ce sont des personnes incroyablement intègres dans leurs choix artistiques, humains et qui de temps à autre prennent le risque de distribuer ou produire les groupes qui les font vibrer. Pour notre deuxième album « Lightnings », nous n’avions pas les moyens financiers de le
faire presser. Ils ont fait en sorte que nous puissions aller au bout. Alors plus qu’une consécration, je dirais plutôt que c’est une continuité qui paradoxalement nous pousse de plus en plus vers la lumière.

Vous êtes passés de 6 à 4 membres, c’est un choix voulu et artistique ou une adaptation subie ?
Après le premier album, Jean-Pierre (clavier), Aurélie (Guitare/ vocale) et Stéphane (Violoncelle) avec qui nous avions partagé l’expérience «Dead Waltz» pendant sept ans désiraient vivre d’autres choses. Se marier, fonder une famille, ce que nous avons bien entendu compris et encouragé. Malgré cela, nous avons vécu une période de doute concernant la légitimité de faire vivre ce concept seulement à trois. Notre ami Cyril qui avait posé les batteries sur ce premier album et nous avait aidé sur le mixage de celui-ci, c’est proposé de se joindre à nous. Cela a tout changé. Cela nous a en quelque sorte libérés.
Composer pour six personnes, avec des chœurs, des machines, des instruments classiques et électriques, se révèle vite compliqué et extrêmement lourd à gérer humainement, musicalement et matériellement. Aujourd’hui, nous sommes dans une démarche plus rock, plus instinctive, moins conceptuelle, et j’avoue que c’est nettement plus simple à vivre.

Il semble que vous restez peu connus dans notre région. C’est parce que, dans la scène gothique tout semble se passer à Paris, non ?
Aujourd’hui, la scène goth/dark en France et pas seulement en Picardie est devenue une sorte de parent pauvre du Métal. Même si sur Paris, il existe réellement une poignée de personnes comme Thierry Boucanier ou les gars de Manic Depression qui depuis plusieurs décennies continuent de programmer ce type d’affiche, ce n’est en rien comparable avec ce qui se passe à l’étranger (WGT, M’ERA LUNA, CASTEL
PARTY...). Le manque de prise de risque en France des professionnels et des institutionnels a fait que pour pouvoir jouer et faire jouer dans des conditions correctes, nous en sommes venus avec notre association une nuit cent lunes à monter nos propres festivals. Par exemple le cabaret fantasmagothic à
Pont Ste Maxence où 2 à 3 fois l’année plus de 300 personnes se retrouvaient le temps d’une nuit. Mais le politique et le gothic ne vivent pas aux mêmes heures. Résultat, on nous a imposé la fermeture à 1 heure du matin ce qui a mis fin à l’expérience en Picardie et sûrement contribué à nous replonger dans l’ombre. (héhé).

Vous pouvez nous parler du visuel de Nova Vetera sur scène et des animations que Willy réalise ?
C’est en développant « Dead Waltz », que j’ai eu envie de projeter en fond de scène une vision complémentaire de l’histoire sous forme de dessins animés. Malgré le départ des musiciens cités plus haut, nous aimons jouer quelques morceaux de cette période et projeter les animations qui vont avec, mais cela reste perturbant de les voir une nouvelle fois sur scène alors qu’ils ne sont plus là (rires). Le processus de réalisation d’un dessin animé est très long, surtout quand tu es seul à dessiner, animer, coloriser… Malheureusement ou bien heureusement, tout dépend comment on voit les choses, jusqu’à cet été, j’étais trop pris par la finalisation de notre deuxième album « Lightnings » et je n’ai eu le temps de terminer que le dessin animé que nous projetons avec « Hit by the lightning ». Dans les mois à venir, j’espère avoir le temps d’en terminer d’autres, car nos nouveaux morceaux le méritent vraiment, même si ce n’est plus aussi primordial que ce le fut pour nous par le passé.

Comment s’est déroulée la tournée qui a suivi la sortie de l’album ?
Tournée est un grand mot... disons que nous avons joué sur quelques dates dont une très sympa en
Pologne pour le Return to the Batcave festival. Mis à part les 2600 kilomètres d’autoroute aller-retour,
c’était parfait. Nous avons rencontré de merveilleuses personnes. Beaucoup de fous rires, un accueil du
public juste incroyable. C’est définitivement une des meilleures expériences humaines que nous ayons eue la chance de vivre.

Je parlais tout à l’heure de consécration aussi parce que cela fait longtemps que le groupe existe. C’est
donc plutôt un nouveau départ pour le groupe. Vous avez donc de nouveaux projets ?
Cette année, cela fera 18 ans que le groupe existe et c’est sa troisième vraie métamorphose. Les changements font partie de l’histoire d’un groupe, c’est quasi inévitable et souvent bénéfique. Cela renouvelle l’envie de jouer, créer avec l’autre. Nous avons commencé ce projet à trois, Carmen, Essem et moi. Puis nous avons mis le groupe en stand-by pendant plusieurs années suite au départ de Essem. Avec Carmen, nous avons redémarré l’aventure une première fois en intégrant Eric en 2006 et nous avons fait pas mal d’essais avec différents musiciens, puis sont arrivés Aurélie, Stéphane et Jean-Pierre avec qui nous avons joué jusqu’en 2013. Pour le moment, nous souhaitons rester à quatre avec Carmen, Cyril, Eric et moi. C’est une formule assez classique, qui nous convient. Le plus important est que nous sommes amis avant tout, pas de non-dit, pas d’ego-trip. Juste jouer et partager tant que nous en avons l’envie.

Et en dehors de la musique, quels sont vos désirs, vos rêves, que vous inspire la société et le monde
actuellement ?
Le monde est ce qu’on en fait et chaque jour nous offre de nouvelles possibilités. Nous avons tous des vies intéressantes et riches d’expériences, il suffit d’en prendre conscience et d’oser. Il y a bien sûr des choses
contre lesquelles nous ne pouvons rien, alors nous ne nous y attardons pas. Nous préférons dépenser ce
qu’il nous reste de vie en rencontre, découverte, partage afin de toujours sublimer l’impossible (et rester)
en mouvement.

Photos : Ardonau et Zazatheron
Illustration : Willy
Interview : Chris

[hupso]