Célébration Days Festival

La suite du texte / La Mine #78

Évidemment, lorsqu’il s’agit de s’aventurer au-delà de sa zone de confort (Place du Marché de Saint-Quentin/Manufacture/Aéronef), Ludovic de Tréouville fait appel à Lily. Pour les missions périlleuses, celles qui nécessitent doigté, tact et verroterie pour amadouer l’autochtone ainsi qu’un solide kit de survie en milieu hostile et des vaccinations mises à jour.

Et de tout cela j’aurai besoin, et d’une machette fraichement remoulue pour me frayer un chemin dans la forêt de Cernoy, située à 5 kilomètres de la première habitation (Saint-Aubin-sous-Erquery) et 28 de la civilisation (Creil). Une jungle plus dangereuse que les abords de Mourmelon, la plaine de Diên Biên Phu ou le village associatif des Vers Solidaires. On la dit investie une fois l’an par les membres d’une secte ancestrale qui se retrouvent autour de buchers et totems étranges pour célébrer leurs divinités païennes.
Les étincelles que l’on voit dans les yeux des festivaliers contredisent pourtant les légendes, forcément urbaines, qui circulent autour de ce festival atypique. Les témoignages concordent : on y vivrait trois jours de paix et d’amour (en 2019 !) et les organisateurs ne seraient pas de sanguinaires prosélytes païens mais des redoutables activistes pacifiques qui tenteraient, année après année, de provoquer en terre picarde le célèbre « dérèglement de tous les sens » cher à Rimbaud.
Il ne faudrait pas pour autant prendre les organisateurs pour de gentils benêts atomisés au LSD ou des raëliens psychédéliques : Au-delà de la légende, souvent plus agréable à publier que la réalité, en 10 ans, les gars se sont structurés et ont créé une véritable institution en totale indépendance pour ne pas dire autosuffisance : « C’est une passion commune pour la musique qui nous unit, avec tout ce que ça implique : de l’enregistrement faits à la maison jusqu’au concert et l’échange avec le public« . Romain, président de l’association Celebration Days, navigue entre les paradoxes avec candeur mais sans le poids de l’ironie qui gâcherait la beauté de l’ensemble. Cet utopiste forcené mais néanmoins control freak (« Tu penses que c’est possible d’avoir une petite relecture avant?« . Non) se souvient des teufs electro/trance, « comme il y en avait tous les weekends par chez nous. On voyait que des orga arrivaient à faire ça et au bout d’un moment tu te dis « Pourquoi pas nous en fait? ». Un modèle, à n’en pas douter… « On s’est juste adapté. Des hippies 2.0 en fait, ultra connectés au monde et attentifs aux nouvelles tendances de communication« . Sauf que perdu au fin fond de l’Oise rurale, le public n’est pas censé répondre à l’appel de la forêt psychédélique ! Romain modère : « Le public a été toujours été là en fait, peut être moins en France que dans certains autres pays d’Europe de l’Est ou du Nord ». Les garçons ont décidément tout compris : « Se spécialiser pour remplir les attentes des habitués et en même temps s’ouvrir aux scènes émergentes underground pour les découvertes. La plupart des gens ne regarde pas le line-up et viennent pour découvrir ».

Et vivre une utopie annuelle, un week-end sauvage et fraternel, passé à se dandiner au son des 25 groupes invités. Une entreprise salutaire, une réussite éclatante sans tribute bands, sans Shaka Ponk, sans festif poussif. Un must…

Lili Trash

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Celebration Days Festival – Les 10 ans !
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