Usé

Chronique de Selfic

Born Bad Records

Par RXC

Enfermez un batteur fou et énervé dans un studio d’enregistrement, appuyez sur « Play » et laissez-le frapper sur tous les instruments, batterie, clavier, basse, guitare jusqu’à ce qu’il se calme. On obtient ce 2nd album de Usé, « Selflic ».
Sur la pochette, Nicholas Belvalette, à la tête de ce one-man band bien frappé, fait un selfie à table avec une tête de flic en plat de résistance. Le clip de « Danser un slow avec un flic » qui sort en même temps que l’album nous plonge dans l’ambiance. On pense à Delicatessen de Caro/Jeunet, aux films de Bruno Dumont. On est dans le nord, en Picardie, terre de travail, de luttes sociales et de groupes de rock improbables. « Dans sa corde », premier morceau, de l’album, un riff de piano en boucle, une batterie martiale, une voix rocailleuse, des synthés cheaps, des cordes frappées. Tout l’ADN de USé est là. Pas la recette idéale pour passer à la radio et faire danser les foules, pas de références auxquelles se raccrocher. Pourtant, pour peu qu’on se laisse entrainer dans cette sarabande déglinguée, on se retrouve à dodeliner de la tête et à taper du pied. J’ai vu Usé sur scène et j’ai vraiment apprécié le bordel insensé qu’il a déclenché, détruisant son matos et finissant à poil, ruisselant de sueur. On sent une violence, une colère punk et une volonté d’expérimenter, de réinventer quand les autres ressassent le passé. De vraies chansons émergent du fracas, aux paroles frustres et aux mélodies étranges comme « Danser un slow avec un flic », le slow de l’été pour les prochaines manifs, « En 3 secondes » qui me fait à la fois penser aux Stranglers, à DAF, aux Young Gods , à Suicide ou à David Lynch. Je sais, on avait dit pas de références et à quoi bon parler d’influences punk, indus, krautrock, techno rurale pour finir une chronique en beauté ? C’est Usé jusqu’à la corde.