Ozzyludo : Salut Renaud ! Il me semble que l’histoire de Scieur Z ait commencé en 1986 à Tergnier, ville cheminote alors capitale du rock Picard ? Peux-tu faire un bref résumé de ton parcours jusqu’à nos jours ? Était-ce alors un groupe ou déjà un projet solo ?
Renaud : Hello Ludo ! Difficile de résumer cette histoire pleine de "péripé-scies" ! Juste après la séparation de mon groupe Président Z (post punk / cold wave), et puisque je venais d’apporter la scie musicale au sein de celui-ci, j’ai choisi ce pseudo en gardant la lettre Z. Projet solo donc au départ. Philippe Groulard (ex-Kartier Libre) et Franck Bak (ex-Ubac, Bak, puis DadiFrol) se sont très vite joints à moi pour former un trio, duquel le 45T "Lovers all over" est sorti. Au fil des ans, Scieur Z est devenu une formation à géométrie variable. Puis création du groupe Cadavre Exquis, de nouveau avec Philippe en duo, puis en trio avec des musiciens de jazz, et enfin retour à la "caZe départ" en solo !
Ozzyludo : Comment qualifierais-tu ton univers et quelle étiquette pourrait-on donner à ta musique qui a évolué au fil des années ?
Renaud : Vaste éventail de styles il est vrai, "o-scillant" entre chanson, pop, rock, prog, cold et électro, sans oublier la musique instrumentale comme sur l’album "Scie-Né MuZic". J’ai toujours tenté en fait de "récon- scie-lier" l’impossible ! Baptisé "Rock Scie Music" pour le fun dès le 45T, mais néanmoins en essayant toujours de donner une dimension poétique à mes créations. Eternellement inclassable, car en perpétuelle recherche !
Ozzyludo : Peux-tu nous présenter tes deux instruments de prédilection, la scie musicale et la guitare-cello ? Qu’apportent-ils de nouveau et d’original au son pop-rock ?
Renaud : Scieur Z est l’un des premiers à avoir incorporé la scie au rock, et peut-être le seul à avoir électrifié l’instrument avec un système de sonorisation spécifique équipé d’un Pedalboard avec effets intégrés. Installé sur un chevalet de peintre, l’ami Lamiste pourra alors "scier" avec plus d’aisance et évoluer sur scène comme un poisson-scie dans l’eau... Ou au moins jusqu’à sa guitare, car sa "guitare c’est l’eau" ! La guitare-cello est un instrument hybride entre guitare électrique et viole de gambe, celui-ci est perché sur un trépied. Le corps de l’instrument a été façonné, le chevalet réglé en arrondi léger, ce qui permet à la fois solo et accords, il est équipé d’effets incorporés, et accordé en "open-tuning". Le résultat offre un son riche et haut en couleurs, qui va des graves suaves d’un violoncelle, aux accords distordus et agressifs d’une guitare heavy-metal, en passant par les chants plaintifs des baleines, orques et autres "Do-Fins" !
Ozzyludo : Fin 2012, tu n’avais pas chômé, puisque tu avais sorti pas moins de deux CDs et un livre, le tout représentant un concept multimédia. Cinq ans plus tard, tu enregistres l’album "Virtuellement Vautre..." financé en partie par un "crowdfunding" (financement participatif). Peux-tu nous le présenter, quelle est sa couleur musicale et quand verra-t-il le jour ?
Renaud : Dans ce projet "Virtuellement Vautre...", tout droit sorti d’un film d’anticipation, Scieur Z incarne à la fois un savant fou et ses créatures "Scie-Borg". Il nous entraîne dans ce monde virtuel futuriste, pourtant déjà omniprésent, où la réalité dépasse souvent la fiction.
Caricature de l’évolution technologique de notre temps, où les nouvelles formes d’évasion remplacent parfois les rapports humains, sous le diktat de la consommation de masse... Regard sur un univers interactif homme robotisé / machine humanisée, où humour noir corrosif et tragédie déjantée se mêlent. Pour ce concept-album, que l’on peut qualifier d’ "Electro Rock P’sciechédélik", il y a des rythmiques plus soutenues : électro, jungle, break beat, trip hop, acid jazz... Le CD sort en février sur le label Gazül Records et sera distribué par Muséa Records.
Ozzyludo : Il me semble que tu as enregistré ton album dans ton home-studio à La Neuville-en-Beine (Aisne) ? As-tu tout réalisé seul ou t’es tu entouré d’une équipe ? Philippe Groulard, ton coéquipier de longue date – et accessoirement mon professeur de guitare aux Caves à Musique de Tergnier dans les années 90 – est-il de la partie ?
Renaud : Je serais tenté de répondre que "Scieur Z l’a entièrement réalisé de A à Z", mais ce ne serait que pour la formule amuZante ! Car d’une part, quelques titres avaient déjà été enregistrés avec Philippe à l’époque où il était encore sur Tergnier (années 1996-1997), et d’autre part, j’ai fait appel à Boris Pélosof du studio Bleu Lune à Amiens pour la réalisation du mastering. J’ai donc repris les bandes de cette époque mémorable en gardant les interventions de Philippe, guitares et chœurs robotisés, dans cette ambiance tellement riche en expérimentations, tout en réarrangeant l’ensemble. Le projet "Virtuellement Vautre..." est d’ailleurs né à cette période, mais n’était alors resté qu’à l’état embryonnaire... Idée assez visionnaire, si l’on regarde l’évolution actuelle de notre société !
Ozzyludo : Tu aimes bidouiller les projets multimédia notamment avec tes élèves d’arts plastiques au collège. Pour "Virtuellement Vautre..." prévois-tu aussi de la vidéo pour tes futurs concerts ?
Renaud : Sur scène, chaque titre devient une aventure sonore, mais aussi visuelle. Gestuelle déglinguée avec accessoires et masques, également avec des créations vidéo : illustrations d’arts plastiques, films d’animation, effets fractals, clins d’œil aux films muets de Murnau, Fritz Lang, Wiene, Whale... Toile de fond dont l’ambition est de renforcer l’univers artistique proposé, tout en donnant au spectateur quelques clefs pour mieux cerner le sens, parfois caché, des chansons.
Ozzyludo : Merci à toi ! J’avais une dernière question, mais je n’ose pas te la poser... As-tu réussi à obtenir ton pot de Nutella à moins 70% lors de la promotion exceptionnelle Intermarché (rires) ?
Renaud : Les médias se délectent de ce genre d’imbécilités et de manipulations, hystéries collectives générées par un système capitaliste ultralibéral. La couleur et l’aspect de cette abjecte pâte à tartiner, pleine de colorants, et grande destructrice de forêts du Brésil à l’Asie, me rappelle l’une des petites maximes de mon père qui vient juste de disparaître : "La vie est une tartine de M.... que l’on mange tous les jours !". No comment ! Salut, et "Mer-Scie" à toi Ludo !
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