Nécrologie : La station UBU est morte ce matin

Station UBU
Photo : Teddy

Triste nouvelle dans le paysage culturel picard. La station Ubu est morte ce matin de veille d’automne. Située dans le Laonnois, entre Urcel et Chavigon, cette station de service était abandonnée par une multinationale pétrolière depuis 10 ans. Une station qui tombait en ruine avec ses cuves encore enterrées et tous les polluants qui y sont liés. Mais cela n’est pas tout à fait exact... puisque depuis 2012, plusieurs personnes ont eu la brillante idée de s’y loger. D’abord un squat, les « stationnistes » ont aménagé ce vestige d’une autre époque en lieu culturel et salle de concert.

Baptisée « LA STATION UBU », cette dernière a bénéficié d’une dépollution partielle par ses habitants, qui nous ont proposé plusieurs soirées de concerts de musiques actuelles dont le choix de programmation était très varié (Nada, Band’Anck, Puta Guerilla, Eko, Impact 415 et bien d’autres). On pouvait aussi y voir de l’art visuel ainsi que des séries de graff’. L’entrée y était libre, la bouffe pas chère et goûteuse avec une bière à un tarif plus que raisonnable. La « Stat » avait aussi cette capacité à réunir de nombreux bénévoles… Bref de quoi faire jalouser plus d’un organisateur de concerts. La Station Ubu s’est fait remarquer aussi avec sa friperie solidaire et par ses soirées engagées (en faveur de la ZAD de Bure par exemple). Un lieu atypique, engagé, underground pour certains, mais illégal.

La suite vous la devinez... Total France se réveille et envoi un avis d’expulsion en 2016 à ses occupants (jusqu’à 15 personnes). Ce matin de veille d’automne, avec l’aide d’une cinquantaine de képis bleu marine, les 4 stationnistes restant encore sur le site sont délogés. La bleusaille confisquant au passage des cametars garés sur le parking ainsi que plusieurs affaires. Mais les proprios de ce matos pourront se réjouir de pouvoir récupérer leurs biens placés dans des conteneurs à 60 km de là. Le ménage effectué, s’en suit une destruction de l’art prégnant de ses murs à coups de bulldozers.

À l’heure de l’écriture de ces quelques lignes, la station est toujours debout, mais elle n’a plus rien d’Ubu, c’est juste une friche après le passage d’obus... dans la forêt d’Urcel.

Tous les artistes qui y sont passés vous le diront mieux que moi… la Station Ubu va manquer au paysage culturel du Laonnois. Un nouvel événement s’y préparé. Merci à vous les habitants d’Ubu, habitant éphémère ou habitant pionnier de cette aventure. Merci aussi à tous ceux qui y sont venus.

La station Ubu est morte ce matin.

Blabla & photos par Ubik Lecru

[hupso]