
Il y a tout ce que j’aime et tout ce que je déteste dans ce premier album de Happy Accidents. Le Ying , le Yang, comme le présage le nom du groupe en oxymore.
À l’intro, grosses guitares et tambours de guerre, on est sûr que ces gens-là font du punk rock mais des accords «frippiens» ou des guitares wah wah un peu trop «prog» viennent brouiller l’écoute. A la fois sombre et lunaire. On commence chez Killing Joke et on finit chez Gong. Quel est ce salmigondis ? Qui a mélangé mes disques ? Quelqu’un a mis quelque chose dans mon verre ? Le temps de se poser ces questions et le morceau se termine sans qu’on ait remarqué qu’il n’y avait pas de chanteur. WTF ? Pas de chanteur? Mais on va être obligé d’écouter la musique alors ? Ben ouais. Remarque, pour les playbacks à la télé, c’est tranquille, pas besoin de se faire chier avec la synchro, comme Yvette Orner et Aimable, afficher un sourire niais de circonstance. La pochette n’est pas bavarde non plus. Une jolie photo de champignons de béton sous un ciel menaçant. Les titres abstraits : « Metal Danse, The Joke, Not Exactly Human…» ajoutent à la perte de repères de l’auditeur .Les musiciens de ce groupe instru-mental parisien viennent d’horizons divers ( Kebra , Sarah Connors…), soudés par les tambours tribaux de Rascal qui compose aussi toute l’affaire. Les Happy Accidents peuvent évoquer les Feelies, Wire, PIL et Link Wray, parfois dans le même morceau. Leur album est un condensé d’ambiances et de rythmes intenses, de crescendos de guitares, qui malgré ou grâce à l’absence de chant, me parle. Pas du punk, pas du garage, pas du rock’n’roll, pas du prog ni du krautrock mais un carambolage de tout ça. Un heureux accident.
RXC.
[hupso]