30 ans de La Lune des Pirates : Peter Hook & The Light, et la bande en noir
La Lune des Pirates fête ses 30 ans d’existence d’une bien belle manière. Une semaine qui se termine en beauté avec la venue de Peter Hook & The Light. Un concert gratuit, un joli cadeau offert par l’association et la ville d’Amiens.
C’est l’occasion de réunir la bande en noir. Des amis qui se retrouvent dans les concerts new wave et gothiques. Tout le monde est heureux, le soleil est au rendez-vous et ça sent l’été. Le site se situe à côté des célèbres hortillonnages d’Amiens. C’est un endroit magnifique et un peu sauvage. Nous marchons le long d’un canal où des hordes de moucherons nous attendent. Une foulque plonge pour attraper une petite algue et une poule d’eau se faufile avec son caneton entre les nénuphars. Et le soir, le soleil se couche et c’est beau ! Et c’est tous les jours alors ? Bon allez, on s’casse, comme disait Coluche.
C’est donc un joli site pour un festival. Une organisation parfaite et une grande scène qui se dresse devant nous. Peter Hook et sa bande entament le concert avec des titres de Joy Division. C’est même du Warsaw (le premier nom du groupe). Ils commencent avec "No Love Lost", je me demande ce qui se passe dans ma tête. Je suis déconnecté et je me revois dans ma première voiture en train d’écouter l’album sur une cassette audio. Les images sont humides et j’essaye de rester là, il le faut "I need it, I need it, I need it". C’est initialement « Isolation » qui devait être jouée d’après la setlist. Je crois que le poison fait effet. Je me sens bien, je me sens mal "Digital". La fièvre me gagne, j’ai des frissons. Des images lointaines me reviennent. Je suis de nouveau un adolescent. Mon corps semble me quitter un instant "She lost control". En général, les plus anciens sont toujours au fond.
Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est plutôt l’inverse. Je vois quelques sourires complices, c’est le signal. On danse de manière plus soutenue, en d’autres termes, c’est le pogo, "Transmission". On passe aux chansons de New Order avec "The perfect kiss" (après la mort du chanteur Ian Curtis, le groupe change encore de nom). Je me souviens de la première fois. Il manquait juste Ian Curtis. Sinon, c’était Joy Division sur scène ! Je venais d’être papa et je sortais tout juste de la maternité. Je regarde ma grande fille danser sur "Blue Monday". Elle est devant la scène. L’émotion me gagne à nouveau. L’ambiance musicale est forcément différente, mais on prend un plaisir immense assez étrange d’écouter ces tubes de New Order sans Barney au chant. A notre grande surprise, le guitariste David Potts, avec sa voix claire, s’applique sur "True Faith" et fait le boulot à merveille ! On a le droit à "Temptation", une parfaite transition entre les deux époques musicales du groupe. L’ambiance est de plus en plus étrange, cela ressemble à une messe
joyeuse. Lorsque le groupe joue les premières notes de "Ceremony", je me sens un peu triste et heureux à la fois. J’ai toujours pensé que cette chanson avait été écrite par Ian Curtis avant sa mort. Le concert se termine avec la célèbre "Love will tears us apart".
Alors que Peter Hook est en plein couplet, le refrain est chanté ou plutôt hurlé en cœur par le public. Enfin, une trentaine de personnes devant la scène. Peter Hook est un peu étonné. La chanson s’arrête. Il regarde son guitariste et lui fait un signe qui veut dire "je ne sais pas comment on va redémarrer là". Il observe un moment le public qui chante et il semble très ému. Il doit alors penser, comme la plupart d’entre nous, à son ami Ian Curtis. Il y a deux jours, c’était l’anniversaire de sa mort. Et ce chant repris par le public monte au ciel comme une prière. D’autres groupes "electro" comme on dit, vont faire leur apparition en fin de soirée, mais nous décidons de partir. Il y a une queue de 30 mètres pour manger des frites maison. Nous préférons retourner au centre-ville. La plupart des personnes qui composent la bande viennent du nord de la France. Elle a très envie de parcourir ce beau quartier d’Amiens. Nous traversons Saint-Leu avec ces beaux restaurants au bord de l’eau. On distingue La Lune des Pirates. Nous continuons vers la cathédrale pour arriver au Steak Easy. Le patron m’explique que l’établissement existe depuis 26 ans et qu’au début, il y avait déjà le frigo américain et l’avion accroché au plafond ! Nous sommes très bien accueillis et nous passons une fin de soirée des plus agréables. Et si cet anniversaire de la Lune donnait naissance à un festival annuel ? Avec plus de 4000 personnes présentes lors du festival. Je pense que la capitale picarde mérite bien un tel événement !
Live report : Chris
Crédits photos : Nat Charlotte Mollet, Babeth Letter, Christophe Bonamis et Stéphane Houset
[hupso]