
Le 1er avril 2017 au Forum à Chauny
Et non, ce n’était pas un « poisson d’avril » Annoncée depuis plusieurs mois par l’organisateur Jean-Michel Fondement, l’allemande Nina Hagen en tête d’affiche de cette 6ème édition ! Pari fou, relevé avec brio après des semaines de négociations entre les deux tourneurs de cette icône rock ! Avec un tel coup, nous pouvions parier que ce rendez-vous serait une réussite, vu que l’artiste tourne peu Et ce fut le cas, le festival affichait fièrement qu’il était complet une semaine avant l’événement ! La jauge maximale du Forum de Chauny avait atteint les 900 spectateurs. Le pire dans l’histoire, c’est que l’organisation a dû refuser près de 300 personnes malheureuses…
La soirée du 1er avril 2017 commençait à 18h par le groupe français découverte si cher à la programmation qui n’hésite pas à mélanger les genres et les générations. Ainsi est revenue la lourde tâche au jeune trio parisien Mante de chauffer le public. Isïa Marie au chant et à la guitare (et à la robe transparente) entourée de deux gars, un derrière la batterie, l’autre aux claviers et machines. Malgré leur jeune âge, la vingtaine, les musiciens maîtrisent leur univers électro-pop-rock même si on sent qu’ils se cherchent encore et que leur création va évoluer. C’est sympa mais trop froid pour déchainer le public qui a déjà bien rempli l’espace dans la salle. Mante est un groupe à suivre qui trouvera son public car ils ont une attitude « pro » et ce sont des bosseurs à n’en pas douter.
Le groupe suédois suivant va véritablement « allumer le feu » à Chauny ! Ce sera le gros coup de cœur de la soirée soit pour les fans connaissant leurs deux albums sortis sur le gros label de metal allemand Nuclear Blast, soit pour les curieux qui étaient venus avant tout pour les têtes d’affiche. Blues Pills, contrairement aux apparences du circuit promotionnel dans la presse spécialisée, n’est pas un groupe de metalleux, mais plutôt un combo « revival » au sens noble du terme.
Si leur premier album éponyme avait des sonorités stoner et rock psychédélique, leur deuxième opus « Lady in Gold », sorti en 2016 et numéro 1 en Allemagne, a une orientation beaucoup plus soul. C’est donc sur ces deux facettes que ce jeune groupe (la vingtaine) va opérer pendant 60 minutes. Ambiance fin 60’s et début 70’s, décor, lumière et vêtements psychédéliques. Le quatuor, accompagné par un cinquième membre de tournée au clavier et à la guitare rythmique, va retourner la salle et mettre le compteur 50 ans en arrière !
Le tout mené par la ravissante chanteuse Elin Larsson, cheveux blonds dans le vent, longues jambes, et surtout quelle voix, quelle présence, quel charisme ! Elle est la réincarnation vocale de Janis Joplin ! Elle mène le groupe qui, lui, est beaucoup plus discret, voire en retrait. Mais qui n’en est pas moins efficace, comme par exemple le guitar-hero Dorian Sorriaux, breton de 21 ans qui a rejoint l’aventure il y a 5 ans quand il fut contacté par le bassiste Zack Anderson (ex-Radio Moscow) afin de monter la première incarnation de Blues Pills. Dorian à la fois flegmatique et d’apparence nonchalante, est un virtuose de la six cordes. La section rythmique discrète nous assomme littéralement.
Parmi les nombreux moments forts, nous retiendrons les hymnes « High Class Woman », « Devil Man » ou encore la reprise de Jefferson Airplane « Somebody to Love ». En ce moment Blues Pills est en train de conquérir l’Europe, le tout à un rythme de folie ! Longue vie aux Blues Pills et espérons qu’ils tiennent la route encore longtemps et qu’ils gardent la tête froide malgré le succès. Car bientôt ce seront eux les têtes d’affiche !
Ensuite ce fut au tour de Nina Hagen... En véritable diva déjantée, elle est là où on ne l’attend pas. Alors que les techniciens sont encore sur scène afin de tester les micros et retours, la voilà qui arrive naturellement sans tambours ni trompettes, sans musique d’intro. Le public et les intermittents se font surprendre lorsque cet OVNI débarque !
Chaleureusement ovationnée, avec un public déjà dans la poche dont certains sont venus du Nord et de Paris, mais aussi d’autres fanatiques en provenance de Belgique, Espagne et Suisse ! On ne sait jamais trop à quoi s’attendre lors d’une performance de cette icône rock. Ce soir, malgré sa tenue flashy extravagante, elle installera une ambiance posée et intimiste. D’ailleurs elle passera la moitié du temps assise avec sa guitare acoustique sur laquelle elle « gratouille » de temps à autre.
Entourée de quatre musiciens sur lesquels elle peut compter, car les pauvres doivent s’adapter constamment à ses délires et improvisations, Nina livrera un set assez éclectique faisant la part belle aux reprises comme « Non, je ne regrette rien » d’Edith Piaf en français s’il vous plaît, ou encore « Riders on the storm » et « Alabama song (whisky bar) » des Doors. A 62 ans, elle a toujours sa gouaille légendaire accompagnée de ses expressions de visage avec ses grands yeux, sa bouche, sa langue. L’esprit punk est toujours présent, même si musicalement la setlist oscille entre rock, chanson et cabaret. Nina parle aussi beaucoup en allemand et anglais entre et pendant les titres !
Ses musiciens sont vraiment exceptionnels et savent s’adapter constamment même si certains regards du guitariste trahissent son inquiétude quand ça part en totale impro comme sur la reprise imprévue de « O when the saints go marching in » à la fin. Mais la féline Hagen retombe toujours sur ses pattes ! Elle fut grandement ovationnée, peut-être pas pour ce show qui n’était pas le concert du siècle, mais tout simplement pour ce qu’elle est et ce qu’elle représente pour notre culture artistique commune depuis 40 ans.
Enfin, cerise sur le gâteau, la venue du légendaire batteur Chris Slade, musicien au CV impressionnant depuis les années 60. Il a commencé sa carrière avec son ami d’enfance Tom Jones (le tube « It’s not unusual »), il a failli être embauché par le King Elvis Presley, et il a évolué au fil des décennies dans d’autres groupes légendaires comme The Firm de Jimmy Page, David Gilmour, Gary Moore, Uriah Heep ou Manfred Mann’s Hearth Band pour ne citer qu’eux !
Mais le grand public et la mémoire collective l’associera pour toujours à son rôle déterminant dans la carrière d’AC/DC de 1989 à 1994 et depuis son retour en 2015 au sein du combo ! C’est d’ailleurs grosso-modo le concept de son groupe solo The Chris Slade Timeline : la moitié de la setlist est consacrée à un best of d’AC/DC avec un chanteur nommé Paul Davis, qui vocalement pourrait prétendre au remplacement de Brian Johnson, et la seconde moitié des titres survole les autres grands groupes de Chris Slade avec un second vocaliste plus mélodique nommé Steve Glasscock qui a notamment chanté dans The Crazy World of Arthur Brown. La plupart des musiciens du Chris Slade Timeline, certains au look de vieux roadies, d’autres à l’apparence de nerds, sont issus du groupe Centaur Parting basé dans le Kent (UK) et faisant le circuit des clubs et bars. Ce sont des virtuoses comme le fabuleux guitariste James Cornford ayant joué par le passé avec Blaze Bayley (ex-Iron Maiden). James nous a époustouflés lors de la reprise de « Parisienne Walkways » de Gary Moore !
Outre les reprises d’AC/DC qui ont fait mouche (« Back in black », « Thunderstruck », « Highway to hell » et toutes les autres d’ailleurs), ce concert nous a permis de redécouvrir un Chris Slade dans un jeu de batterie plus aérien et plus subtil sur des reprises de David Gilmour « Comfortably Numb », de Uriah Heep « July Morning » ou bien de Tom Jones « Delilah ». Bien évidemment, nous avons eu droit au fameux solo de batterie qui pour l’anecdote est le kit utilisé sur le « Rock or Bust World Tour » d’AC/DC ! Chris Slade, bientôt 71 ans, est une légende vivante qui n’a pas hésité à venir à la rencontre de ses fans qui l’attendaient à la sortie du concert pour une dédicace ou une photo. Certains hardos avec leurs vestes patchées en avaient même les larmes aux yeux .
Photos et blabla par Ozzyludo
www.rockaisne.com
[hupso]